- caractère
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• av. 1662; karactere 1274; lat. character, gr. kharactêr « signe gravé, empreinte »I ♦ Marque, signe distinctif.1 ♦ (XVIe) Signe gravé ou écrit, élément d'une écriture. ⇒ chiffre, lettre, signe, symbole. Caractères hiéroglyphiques (⇒ hiéroglyphe) , cunéiformes. Caractères grecs, arabes, chinois (⇒ idéogramme) , hébraïques, romains, gothiques, cyrilliques. Les caractères d'une inscription. Écrire en gros, en petits caractères. Caractères particuliers de la musique, la phonétique.♢ Par ext. Inform. Élément d'un alphabet codé par une suite binaire. ⇒ digit. Un caractère alphanumérique. Caractère de commande, de contrôle, destiné à la gestion des périphériques. Caractère générique : symbole qui peut remplacer dans un traitement n'importe quel caractère ou suite de caractères.♢ Math. Critère sur lequel est fondée une étude statistique. Caractère qualitatif, qui permet de construire une classe à partir d'une qualité (couleur, poids, âge...). Caractère quantitatif, auquel peuvent correspondre des nombres. ⇒ variable (statistique). Caractère discret, continu.2 ♦ (1675) Techn. Bloc de métal portant une lettre, utilisée pour l'impression typographique traditionnelle. Caractères d'imprimerie, caractères typographiques. ⇒ plomb, type; lettre. L'œil, le corps d'un caractère. Caractères de 6 points, 12 points. ⇒ cicéro. Largeur d'un caractère. ⇒ chasse. Formes des caractères : caractères romains, italiques; gras, maigres. Police de caractères. Composer avec des caractères mobiles (⇒ monotype) ou à la linotype. Au sing. « Le caractère était neuf; il avait cet éclat métallique du plomb vierge » (Duhamel). — Dessin caractéristique d'un signe d'imprimerie, non matérialisé. Choisir des caractères pour imprimer un livre en photocomposition.♢ Cour. Empreinte d'un caractère typographique. Les caractères de ce livre sont beaux, très lisibles.3 ♦ Fig. Graver, imprimer, marquer avec des caractères, en caractères ineffaçables. ⇒ empreinte, sceau. L'homme « présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité » (Buffon).II ♦ (XVIIe) Signe ou ensemble de signes distinctifs.1 ♦ Trait propre à une personne, à une chose, et qui permet de la distinguer d'une autre. ⇒ attribut, caractéristique, indice, 1. marque, particularité, propriété, qualité, signe, 1. trait. Caractères distinctifs, particuliers, individuels, propres, originaux, typiques. — Sc. Caractères spécifiques, communs à tous les individus d'une espèce. Classification des individus selon leurs caractères. Caractères héréditaires (⇒ génotype) , acquis (⇒ phénotype) .2 ♦ Élément propre, particulier (qui permet de reconnaître, de juger). ⇒ qualité. La simplicité est le caractère de son style. ⇒ 1. marque, 1. trait. « La méditation, caractère essentiel de l'âme et de la force mentale » (Chateaubriand). Ces lettres ont le caractère d'une correspondance privée. ⇒ nature. Conférer, revêtir tel ou tel caractère. ⇒ qualité, titre. Caractère officiel, administratif, privé, confidentiel d'une démarche. Des mesures à (de) caractère social. — « La ferme avait, comme eux, un caractère d'ancienneté » (Flaubert). ⇒ 2. air, allure, apparence, aspect, cachet, 2. extérieur. Sa maladie n'a, ne présente aucun caractère de gravité. « Comment Wagner ne comprendrait-il pas admirablement le caractère sacré, divin du mythe ? » (Baudelaire). ⇒ 1. sens, signification, valeur.3 ♦ Absolt (surtout au négatif) Air personnel, original. ⇒ cachet, originalité, personnalité, relief. Un style plat et sans caractère. Une physionomie sans caractère. ⇒ expression. Leur maison a du caractère. ⇒ allure, style; fam. gueule. — Loc. adj. De caractère : se dit, dans l'immobilier, d'un logement ancien et pittoresque. Studio de caractère, avec poutres apparentes.III ♦1 ♦ (1665) Ensemble des manières habituelles de sentir et de réagir qui distinguent un individu d'un autre. ⇒ individualité, personnalité, tempérament. Le caractère est une manière d'être constante, l'humeur une disposition passagère. Étude des types de caractères. ⇒ caractérologie, psychologie. Troubles du caractère. ⇒ caractériel. Être jeune de caractère.♢ Ils ont le même caractère, des caractères différents, opposés. Traits de caractère. — Cour. Manière d'agir habituelle (d'une personne). ⇒ comportement, nature. « Son caractère est devenu inégal, bizarre » (France). Un caractère changeant, égal, difficile. Caractère autoritaire, souple, flegmatique, pondéré, sérieux, exubérant, passionné. Caractère introverti, extraverti. — Avoir (un) bon caractère : être affable, conciliant, sociable. Avoir un heureux caractère : être optimiste. Un caractère en or. — Avoir (un) mauvais caractère : être acerbe, agressif, emporté, hargneux, irascible. Fam. Avoir un sale, un sacré, un fichu, un foutu caractère, un caractère de chien, de cochon. Avoir son caractère : ne pas être d'une humeur facile. — Manière d'être morale. Un beau, un noble caractère.2 ♦ (XVIIIe) Absolt Avoir du caractère. ⇒ courage, détermination, énergie, fermeté, ténacité, volonté. Manquer de caractère. Un homme sans caractère. Faire preuve de caractère. « Madame Roland avait du caractère plutôt que du génie » (Chateaubriand). « Un homme de caractère n'a pas bon caractère » (Renard).3 ♦ (1787) Personne considérée dans son individualité, son originalité, ses qualités morales. ⇒ personnalité. « Je n'ai d'amour que pour les caractères d'un idéalisme absolu, martyrs, héros, utopistes » (Renan).4 ♦ Mœurs (d'une personne ou d'un groupe); leur description (dans une œuvre littéraire). « Les Caractères », de La Bruyère. « Peindre des caractères, c'est-à-dire des types généraux, voilà donc l'objet de la haute comédie » (Bergson). — Comédie, pièce de caractère.5 ♦ (1748) Le caractère d'une nation. ⇒ âme, génie. Le caractère français.Synonymes :- caractéristique- essence- particularité- propre- qualité- traitAspect typique, original de quelque chose ; cachetSynonymes :- cachet- classe- styleEnsemble des dispositions affectives constantes selon lesquelles un sujet réagit...Synonymes :- individualité- nature- naturel- personnalité- tempéramentAptitude à affirmer vigoureusement sa personnalité, à agir avec fermetéSynonymes :- détermination- énergie- fermeté- ipiniâtreté- résolution- ténacité- volontécaractèren. m.rI./r Empreinte, marque, figure.d1./d Signe d'une écriture. Les caractères cunéiformes d'une tablette assyrienne. écrivez en gros caractères.d2./d TYPO Bloc métallique portant une figure de lettre en relief. Caractères d'imprimerie.— Dessin propre à un type de lettre. Choisir les caractères d'une brochure.d3./d Fig. Empreinte.rII./r Marque distinctive.d1./d Ce qui distingue une personne, une chose. Les caractères innés s'opposent aux caractères acquis.d2./d élément particulier (à une chose). Sa maladie a un caractère grave.d3./d Absol. Personnalité, originalité. Cette oeuvre manque de caractère.rIII/rd1./d Ensemble des possibilités de réactions affectives et volontaires qui définissent la structure psychologique d'un individu; manière d'être, d'agir. Ces deux frères ont des caractères opposés. Montrer un bon caractère.d2./d Force d'âme, fermeté. Montrer du caractère.d3./d Ensemble de traits distinctifs (d'une personne, d'un groupe); leur transcription littéraire. Le caractère de Joad dans "Athalie".d4./d Personnalité (d'un peuple, d'une nation). Le caractère national italien.I.⇒CARACTÈRE1, subst. masc.A.— Vieilli. Signe gravé, écrit ou imprimé sur une surface quelconque, auquel on attribue un sens.1. Empreinte marquée. Les Anciens imprimaient sur le front des criminels et des esclaves certains caractères (Ac. 1798-1932).2. Lettre ou figure gravée sur un anneau, ou inscrite sur un parchemin, à laquelle la superstition populaire accordait un sens mystérieux en vertu d'un pacte conclu entre le porteur de la pièce et le diable. Il n'a jamais été blessé à la guerre (...) on dit qu'il porte un caractère sur lui (Ac. 1798-1878); il fut accusé d'avoir un caractère (Ac. 1835-1878).B.— LING. Signe appartenant à un système d'écriture. Déchiffrer les caractères d'une inscription, d'un grimoire; écrire en gros caractères. Leila (...) m'a laissé (...) une feuille de cyprès sur laquelle des caractères que je ne puis lire sont gravés à la pointe du style (A. FRANCE, Balthasar, La Fille de Lilith, 1889, p. 98) :• 1. Cependant j'ai écrit un nom sur des arbres, dans la profondeur des bois (...) le chasseur indien s'enfuira à la vue de ces caractères gravés par un mauvais génie.CHATEAUBRIAND, Les Natchez, 1826, p. 856.1. Symbole doué d'un sens dans un système d'écriture idéographique. Caractère chinois, japonais.2. Signe appartenant à un système d'écriture non idéographique et recevant un sens par sa combinaison avec un ou plusieurs autres signes de même nature. Caractère alphabétique, phonétique, romain, cyrillique. On avait placé sur le mont Aventin, des tables écrites en caractères grecs (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 62); la Bulgarie parle une langue slave et l'écrit en caractères cyrilliques (Arts et litt. dans la société contemp., 1936, p. 5203).— P. méton., au sing. coll., vieilli. L'écriture d'une personne. J'ai reconnu votre caractère (Ac. 1798-1878). Adieu, ma très chère Adèle. Il y a une chose que je déteste dans ton caractère, c'est que les lignes sont trop espacées, ce qui rend tes lettres trop courtes (J. DE MAISTRE, Correspondance [à Mlle Adèle de Maistre], t. 2, 1806-07, p. 214).C.— IMPR., gén. au plur. Fonte portant à son extrémité une lettre, un groupe de lettres ou un signe utilisée pour l'impression typographique. Caractère(s) mobile(s), typographique(s) d'imprimerie; caractère(s) gras, maigre(s). Les fondeurs de caractères qui arrivent à fabriquer plus de 3 000 lettres de plomb par jour (MACAIGNE, Précis d'hygiène, 1911, p. 313) :• 2. Je le vois lui-même, l'ancien graveur, en [du cachet] composer le modèle, chercher la meilleure disposition des mots, le corps des caractères d'imprimerie, choisir les fleurons qui les isoleront et les mettront en valeur.GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 47.— Au sing. coll. Ensemble ou type de caractères d'imprimerie. Un caractère donné comporte normalement du Romain, capitales et bas de casse, de l'Italique, capitales et bas de casse (M. VALOTAIRE, La Typographie, 1930, p. 18).— P. métaph. Il [le chevalier du Halga] avait été honoré de l'estime du bailli de Suffren (...). Sa belle conduite comme capitaine de pavillon (...) était écrite en caractères visibles sur son visage couturé de blessures (BALZAC, Béatrix, 1839-45, p. 40).D.— P. ext., dans le vocab. sc. Signe conventionnel utilisé en mathématique, en chimie, etc., pour représenter un phénomène, une relation, une substance. Caractères astronomiques, chimiques :• 3. On nous dit, et il est assez naturel de croire que l'écriture chinoise comporte certaines finesses d'expression, certaines beautés de style auxquelles rien ne correspond dans la langue parlée. Toutefois, si l'on considère que les idées exprimées par les caractères arithmétiques ou algébriques sont du petit nombre de celles qui admettent une détermination précise; que la continuité des formes de l'étendue ne pourrait jamais s'adapter suivant une méthode régulière et systématique à la représentation conventionnelle des variations qualitatives; que par cette raison toute écriture idéographique resterait un art plutôt qu'une méthode, ou ne deviendrait une méthode qu'en perdant ses avantages spéciaux, et en laissant subsister l'inconvénient de deux langues indépendantes et hétérogènes, dont il faudrait acquérir l'habitude et qu'il faudrait sans cesse traduire l'une dans l'autre, on s'expliquera comment l'invention d'une écriture purement phonétique, en simplifiant la pédagogie, a dû faciliter au moins l'élévation du niveau moyen des esprits, et puissamment contribuer aux progrès de ce qu'on appelle proprement civilisation.COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances, 1851, p. 318.Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Cf. caractère2.
II.⇒CARACTÈRE2, subst. masc.I.— Trait(s) distinctif(s) d'une chose. Le caractère spécifique, dominant d'une chose; dégager, souligner le caractère particulier d'une chose. Le bien et le mal sont des caractères réels des actions humaines (COUSIN, Du Vrai, du beau et du bien, 1836, p. 347); j'entends par là [les choses générales] des choses communes à plusieurs cas ou individus; ce sont des caractères ou groupes de caractères (TAINE, De l'Intelligence, t. 2, 1870, p. 252); [les préoccupations habituelles des paysagistes sont l'étude] du caractère propre des sites, du style des arbres ou des maisons, accentuation du côté décoratif (C. MAUCLAIR, Les Maîtres de l'impressionnisme, 1904, p. 29).A.— [Caractère sert de base à un syntagme dont le 2e élément est un adj. déterminatif ou un compl. déterminatif introd. par la prép. de; ces syntagmes équivalent ou suppléent à des termes abstr. correspondant aux adj. (cf. généralité/le caractère général; universalité/le caractère universel)]1. [Le syntagme est suivi d'un compl. introd. par la prép. de]a) [Le compl. désigne une chose concr.]— [Dans un aspect. partic.] Le caractère onéreux, administratif, bénévole, d'une entreprise, d'une démarche. Le caractère conventionnel de cette appellation (Les Gds courants de la pensée mathématique, 1948, p. 149); la mise en place de deux organes de caractère consultatif (Haut Conseil, Assemblée de l'Union) (G. VEDEL, Manuel élémentaire de dr. constitutionnel, 1949, p. 576) :• 1. Les documents politiques et autres de l'ambassade, présentant un caractère confidentiel, doivent être gardés avec le plus grand soin, non pas dans des armoires ordinaires, mais dans des armoires de fer pourvues de bonnes serrures de sûreté.L'Affaire Dreyfus d'après les archives diplom., 1959, p. 277.SYNT. Une dépense, une série de mesures à (de) caractère social; un bâtiment, un organisme à (de) caractère public; à caractère commercial, financier, institutionnel, juridique, officiel, professionnel.— [Dans sa nature fondamentale] Caractère empirique, général, permanent, universel. Le caractère de plus en plus impersonnel des entreprises modernes (L'Univers écon. et soc., 1960, p. 4015); les établissements à caractère scientifique et culturel relevant du Ministre de l'éducation nationale (Loi d'orientation de l'Enseignement supérieur, 1968, p. 7) :• 2. « ... une profonde modification des structures de la pêche qui, peu à peu, abandonne son caractère artisanal pour devenir une véritable industrie soumise aux impératifs de la mécanisation et de la production de masse. »A. BOYER, Les Pêches mar., 1967, p. 15.SYNT. Caractère absolu, actuel, aléatoire, arbitraire, artificiel, authentique, contingent, cyclique, exceptionnel, factice, facultatif, irréversible, nouveau, précaire, provisoire, traditionnel, urgent, vraisemblable. Syntagme formé avec un adj. indiquant une qualité techn. Caractères chimiques, climatiques, démographiques, géographiques. Syntagme formé avec un adj. indiquant une qualité intellectuelle. Une loi, un recueil, une revue, une tâche à caractère littéraire, scientifique; des distractions à caractère artistique; caractère encyclopédique, esthétique, logique, philosophique, sémantique.b) [Le compl. désigne une chose abstr.] Caractère abstrait, concret; caractère de certitude, de simplicité, de vérité, de vraisemblance; caractère moral, religieux, sacré; caractère de sérieux, de sévérité, de violence. Le caractère hypothétique de cette explication (L. CAYEUX, Causes anc. et causes actuelles en géol., 1941, p. 56); qu'entend-on en parlant du caractère définitif d'une théorie physique? (Les Gds courants de la pensée mathématique, 1948, p. 429); le caractère fondamental du signe est, selon F. de Saussure d'être arbitraire (J. PERROT, La Ling., 1953, p. 111).— Spéc. Caractère national. Autorité de caractère national; conserver, perdre son caractère national; revêtir un caractère national.2. Emplois spéc., domaine des sc. de la nature et des sc. hum.a) SC. NAT. (bot., zool.). Trait ou ensemble de traits permettant de distinguer une espèce, une famille, une plante d'une autre. Caractères génériques; caractères constants, variables. Il y a donc lieu de distinguer des caractères qui sont fixes (...), des caractères spécifiques, et des caractères variables (L. PLANTEFOL, Cours de bot. et de biol. végétale, t. 1, 1931, p. 481).b) ANTHROPOL. Trait distinctif de la structure biologique de l'homme. Hérédité, transmission des caractères acquis; caractères congénitaux, mendeliens; caractères héréditaires :• 3. Les caractères physiques des Tchécoslovaques actuels sont généralement la brachycéphalie, une pigmentation qui va du blond au brun, avec une prépondérance de ce dernier; taille 1 m 69.A.-C. HADDON, Les Races hum., 1930, p. 130.• 4. Le développement des seins chez la fillette se produit au moment de la puberté. Il coïncide avec l'apparition des règles et de la pilosité. C'est un caractère sexuel secondaire.QUILLET Méd. 1965.SYNT. Caractères anatomiques, morphologiques; caractères ethniques, raciaux; caractères ataviques, innés, latents; caractères dominants, récessifs; caractères qualitatifs, quantitatifs; caractères féminins, masculins.c) MÉD. [Le compl. de nom désigne une maladie] Les caractères d'une maladie. Nous ne pouvons citer tous les travaux français ayant rapport à la tuberculose du nourrisson et de l'enfant qui s'attachent à mettre en relief les caractères de la primo-infection (Ce que la France a apporté à la méd. dep. le début du XXe s., 1946, p. 98).— [Caractère est accompagné d'un adj. qui désigne le degré de la gravité ou le stade de la maladie] Une affection, une maladie à (de) caractère bénin, épisodique, évolutif, grave, infectieux.B.— Seulement au sing. [Caractère est suivi d'un compl. ou d'un adj. déterminatif désignant un dignitaire revêtu d'une autorité officielle, ou la dignité correspondante]1. THÉOL. Pouvoir et dignité ineffaçables conférés par un sacre, une ordination canonique. Le caractère d'Évêque, du Prêtre. Le baptême, la confirmation et l'ordre sont des sacrements qui impriment un caractère ineffaçable (Ac. 1932); une sorte d'intimité s'était établie entre nous, sans que jamais, je me hâte de le dire, il ait rien dit ou fait qui ne convînt au caractère sacré dont il est revêtu (MÉRIMÉE, L'Abbé Aubain, 1847, p. 164); après la chute du druidisme, les bardes perdirent leur caractère sacré (L. GRILLET, Les Ancêtres du violon, 1901, p. 5).2. P. anal. Le caractère royal (conféré par le sacre).3. P. ext. Autorité, mission conférée par une investiture officielle. Le caractère d'un magistrat, d'une magistrature. (Vieilli), n'avoir pas caractère pour agir. Être revêtu du caractère d'Ambassadeur. Un Ambassadeur qui soutient son caractère avec dignité. C'est un caractère qu'il faut respecter (Ac. 1798-1932). Tant que M. de Villanueva ne sera pas admis à déployer son caractère il ne fera point partie du corps diplomatique de Rome (CHATEAUBRIAND, Correspondance gén., t. 4, 1789-1824, p. 28); je proposai aux deux prisonniers d'écrire sur-le-champ à celui des magistrats qui avait caractère pour recevoir leurs aveux (F. VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, t. 3, 1828-29, p. 392).C.— Emplois abs.1. Domaine de l'esthétique. Avoir du caractère. Une forte originalité, beaucoup d'expressivité. Être sans caractère. Synon. avoir du cachet; anton. être plat.a) [En parlant d'un obj. d'art, d'un édifice, d'un paysage] Une église pleine de caractère, un studio de caractère. C'est l'Apennin, avec ses bandes de contreforts allongés dans une péninsule étroite qui donne à tout le paysage italien son caractère (TAINE, Voyage en Italie, t. 2, 1866, p. 8); Hortense, regardant la façade : Nous sommes bien ici. — Très-joli, ce château! beaucoup de caractère (E. AUGIER, Jean de Thommeray, 1874, VI, p. 315); la notion de caractère substituée sans mesure ni tact à la notion de beauté a accordé toute impunité à la laideur (C. MAUCLAIR, Les Maîtres de l'impressionnisme, 1904, p. 231).b) [En parlant d'un visage hum.] Le caractère d'une tête; un visage dénué de caractère :• 5. Moi, ces bonnes gens ont trouvé que ma tête avait du caractère mais que ma poésie n'en avait pas du tout. Ils m'ont joliment encouragé, va!A. DAUDET, Le Petit Chose, 1868, p. 273.2. Folkl. Danse, air de caractère. Dont la forme, typique d'une région ou d'un pays, exprime symboliquement une action. Cette année (...) Antipas (...) se trouva à Machéro (...). Il y donna un grand festin, durant lequel Salomé exécuta une de ces danses de caractère qu'on ne considère pas en Syrie comme messéantes à une personne distinguée (RENAN, Hist. des origines du Christianisme, Vie de Jésus, 1863, p. 204).Rem. Attesté ds les dict. gén. dep. Ac. 1835.II.— Ensemble des traits psychiques et moraux qui composent la personnalité d'un individu.A.— Lang. cour. Ensemble des manières stables d'être, de sentir ou d'agir qui habituellement règlent le comportement d'une personne adulte dans ses relations avec d'autres personnes. Leurs caractères ne peuvent s'accorder (Ac. 1835-1932); (p. ell.) quel caractère!1. [L'accent est mis sur l'appréciation à la fois distinctive et valorisante de la personnalité]a) [L'appréciation s'exprime par un qualificatif]— [En parlant d'une pers., l'appréciation s'exprime par un adj. qualificatif ou plus rarement par un compl. introd. par la prép. de] Avoir (un) bon (mauvais) caractère, être d'un caractère aimable, un caractère (de) cochon, être jeune de caractère. Synon. nature, humeur. L'autre était une veuve, âgée, sourde, d'un caractère acariâtre et revêche, toujours mécontente et en colère (MONTALEMBERT, Hist. de ste Élisabeth de Hongrie, 1836, p. 242); son naturel tortueux, son caractère sauvage et vindicatif reprirent insensiblement le dessus (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, t. 1, L'Héritage mystérieux, 1859, p. 22). Malgré ton caractère de rabat-joie, de vieux garçon monomane et sans patience, tu es tout de même gentil (HUYSMANS, Là-bas, t. 1, 1891, p. 119) :• 6. Cette femme, naguère si bienveillante, d'un caractère si affable et si conciliant, qui acceptait le présent sans colère, qui regrettait le passé sans amertume, raillait maintenant sans pitié la cour et les institutions nouvelles.SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 40.• 7. Depuis leur plus petite enfance (ils étaient camarades à Sainte-Barbe), il [Brassy] avait toujours exercé sur lui [Maurice] l'ascendant d'un caractère énergique et d'un cerveau habile aux complications sur une nature simple et une volonté molle.DANIEL-ROPS, Mort, où est ta victoire? 1934, p. 308.♦ En antéposition caractérisante, fam. C'est un bon caractère d'homme (Ac. 1835-1932).SYNT. 1. Avoir un, être d'un caractère bienveillant, complaisant, docile, doux, (toujours) égal, facile, flegmatique, gai, généreux, jovial, optimiste, placide, ouvert, serviable, sociable; caractère enthousiaste, expansif, taquin, être d'un heureux caractère. 2. Avoir, être d'un caractère absolu, autoritaire, despotique, entier, froid, passionné; un caractère atrabilaire, borné, bougon, chagrin, colérique, craintif, cruel, cupide, égoïste, émotif, exécrable, farouche, frondeur, fourbe, grognon, hargneux, intraitable, instable, irascible, irritable, mesquin, méticuleux, morose, odieux, ombrageux, passif, pénible, peureux, renfermé, sordide, soupçonneux, taciturne, têtu, timide, tracassier; (fam.) avoir un sale caractère, un fichu, un foutu caractère. 3. Les aspérités, les brusqueries, les divergences, les sautes de (du) caractère(s).— P. anal. [En parlant d'une collectivité; l'appréciation s'exprime par un adj. déterminatif prenant valeur de qualificatif] L'ensemble des traits distinctifs d'un groupe de personnes, d'une classe sociale et, p. ext. d'une région, d'une nation. Le caractère aristocratique; le caractère breton, gascon, lorrain; le caractère d'une nation; le caractère germanique oriental. Synon. littér. génie. Le trait le plus saillant du caractère des habitants du Midi, c'est la soif de la vengeance, remarquable surtout dans les classes inférieures (BONSTETTEN, L'Homme du Midi et l'homme du Nord, 1824, p. 141); je disais hier à Redon, au bal des Tuileries, à propos du mariage d'un auguste personnage, que l'un des plus grands inconvénients du caractère français (...) c'est l'absence (...) du sentiment du devoir (E. DELACROIX, Journal, 1856, p. 25); la tolérance fait partie du caractère anglais (MORAND, Londres, 1933, p. 61).b) [L'appréciation s'exprime par un adj. poss.] Loc. Soutenir, ne pas démentir son caractère, ne pas sortir de son caractère. Rester fidèle à son comportement habituel.♦ Sortir de son caractère. Sortir de son bon caractère habituel, devenir nerveux, se mettre en colère :• 8. ... il [Pierre] aperçut M. Vigneron exaspéré, poussant furieusement devant lui sa femme et le petit Gustave.— Oh! monsieur l'abbé, je vous en prie, dites-moi où est notre wagon, aidez-moi à y fourrer mes bagages et cet enfant (...). Je perds la tête, ils m'ont jeté hors de mon caractère...ZOLA, Lourdes, 1894, p. 221.♦ Avoir, montrer son (petit) caractère. N'être pas d'un comportement facile, se montrer buté dans certaines circonstances.2. Toujours au sing. [L'accent est mis sur l'aspect moral et la qualité de la volonté manifestée par le comportement d'une pers.] Façonner le caractère.a) [Avec un mot précisant la qualité]— [La qualité est exprimée par un adj. souvent antéposé] Un beau, un noble caractère; montrer un grand caractère; un caractère bas, abject. Un grand caractère de chef courageux et prudent (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 297); pour détester ce qui vous flatte, quelle force de caractère ne faut-il pas? (GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, p. 1022); je compte sur Georges pour faire preuve de caractère une fois au moins, et pour trancher dans le vif (COCTEAU, Les Parents terribles, 1938, p. 221) :• 9. Le prince est un homme spirituel, intelligent, fin, mais faible de caractère et dominé par ses passions, quand sa paresse n'est pas la plus forte.DELÉCLUZE, Journal, 1826, p. 303.• 10. Madame Roland avait eu du caractère plutôt que du génie : le premier peut donner le second, le second ne peut donner le premier.CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 386.— [La qualité est exprimée par un subst. qualificatif suivi de de + caractère] Force, fermeté, vigueur de caractère; faiblesse, mollesse, veulerie de caractère.b) Emploi abs. (partitif). Continuité et résolution dans les idées et dans le comportement. Avoir, montrer (beaucoup de) du caractère, n'avoir pas de caractère, manquer de caractère; un homme de (à) caractère, un homme sans caractère.c) P. méton. Personne ayant un tel caractère.— [Avec un mot qualificatif (cf. supra A 2 a)] C'est un beau, un grand caractère. [Le consul :] Vous êtes, dis-je en continuant, la femme du plus noble et du plus considéré des hommes (...) Vous et lui, vous êtes deux grands caractères (BALZAC, Honorine, 1843, p. 373).— [Sans mot qualificatif (cf. supra A 2 b)] Personne de caractère résolu. C'est un caractère! Le Président [au substitut]. — (...) je vous donne mon opinion, — qui est aussi, par parenthèse, celle du procureur général. Il le disait hier encore : Il ira loin, ce garçon-là. C'est plus qu'une conscience, c'est un caractère! (COURTELINE, Un Client sérieux, 1897, I, p. 118). Deuxième patricien. — S'il [Caligula] ne revient pas, il faudra le remplacer. Entre nous, les empereurs ne manquent pas. Troisième patricien. — Non, nous manquons seulement de caractères (CAMUS, Caligula, 1944, I, 3, p. 112).B.— [L'accent est mis sur la structure et l'étude des composantes de la personnalité]1. [Son étude relève de la littérature]a) Traits composant le portrait d'une personnalité type. Composer, étudier, analyser un caractère; caractère(s) (des pièces) de Molière, de Racine; diversifier les caractères.— P. méton., au plur. Œuvre relevant du genre littéraire, ayant pour objet de tels portraits. Les caractères de Théophraste, de La Bruyère.b) Comédie de caractère. Comédie ayant pour objet principal l'analyse d'un caractère type. Anton. comédie de mœurs, d'intrigues.2. [Son étude relève de la caractérologie] Ensemble des dispositions psychiques congénitales et acquises, normales ou pathologiques, qui composent une personnalité. Traits de caractère; analyse, étude du caractère; test de caractère, formation du caractère, le déterminisme des caractères. Ce n'est donc pas assez dire que le caractère est une résultante du donné et du voulu (MOUNIER, Traité du caractère, 1946, p. 61) :• 11. Si la notion biologique du tempérament doit être distinguée de la notion psychologique de caractère, il y a néanmoins entre tempéraments et caractères certaines corrélations.J. DELAY, Ét. de psych. méd., 1953, p. 152.— Spéc. PSYCHOPATHOLOGIE♦ Les troubles du caractère (cf. caractériel B 1).♦ Caractère paranoïaque, obsessionnel. Les traits du caractère anal défini par la propreté extrême, le souci d'ordre et d'exactitude, la conscience poussée jusqu'au scrupule, l'obstination (J. DELAY, Ét. de psych. méd., 1953, p. 157).SYNT. Caractère génital, phallique; caractère hystérique, phobique, schizoïde.Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1274 karactere (Chron. de St. Den., ms. Ste-Gen., f° 50a ds GDF. Compl., sans contexte); 1. a) 1372 fém. caratere « empreinte » (Ord., V, 513 ds GDF.); 1550 carathere « signe d'écriture » (J. LE BLOND, trad. de TH. MORUS, L'Isle d'Utopie, L. II, 67 v° ds HUG. : [...] les caratheres des lettres grecques); 1596 caractère (HULSIUS, Dict. fr.-all. et all.-fr.); d'où 1567 « signe conventionnel dont on se sert dans certaines sciences (algèbre, chimie, etc.) pour exprimer qqc. » (J. MARTIN, Architecture, trad. de Vitruve, Paris, J. Gazeau, p. 104 : characteres d'Arithmetique); av. 1589 impr. (PLANTIN, Correspondance, I, p. 50); b) 1389-92 « signe sensible d'un sacrement » (Reg. du Chât., II, 491 ds GDF. Compl.); XVIe s. « marque spirituelle d'un sacrement » (d'apr. FEW t. 2, 1, s.v. character); av. 1672 caractêre de bâtême (Godeau ds RICH. 1680); c) XVe s. « empreinte » (Jard. de santé, I, 504 ds GDF. Compl.); 2. a) av. 1662 « manière d'être propre qui distingue une chose d'une autre » (Pasc. dans Cousin ds LITTRÉ : Nous naissons avec un caractère d'amour dans nos cœurs qui se développe à mesure que l'esprit se perfectionne); cf. 1667 (RAC., Phèd., IV, 2, ibid.); en partic. 1699 peint. (ROGER DE PILES, Idée du Peintre parfait, p. 71 ds BRUNOT t. 6, p. 733); 1704 bot. « ce qui distingue les différents genres » (Trév.); b) 1798 emploi abs. mus. (Ac. : Ce début en Musique a du caractère); 3. av. 1662 « ensemble de traits dominants de la physionomie morale d'un homme » (PASC., Pens., I, 46 ds ROB. : Diseur de bons mots, mauvais caractère); d'où a) 1686 « la manière d'être morale » (BOSS., Michel Le Tellier ds ROB.); av. 1757 p. ext. « les personnes mêmes considérées dans leur individualité » les grands caractères (FONTEN., Czar Pierre, ibid.); XVIIe s. « peinture des sentiments, des passions, des idées des personnes dans une œuvre littéraire » (Molière d'apr. FEW, loc. cit.); 1751 pièce de caractère (VOLT., Louis XIV, 32 ds ROB.); b) 1736 « énergie, force d'âme » (MARIV., Marianne, 4e part., 218 ds BRUNOT t. 6, p. 1356). Empr. au lat. character attesté d'abord par Varron ds TLL s.v., 994, 19, au sens de « manière d'être propre à un style », puis au IVe s. à celui de « manière d'être, comportement (d'un homme) » (Donat, ibid., 994, 14); le sens premier de « marque que l'on applique à un animal en le brûlant au fer » n'est attesté qu'au Ier s. (Colum., ibid., 992, 65) ensuite « marque d'un poids ou d'une monnaie » IIIe s. (Lib. de asse, 12, ibid., 993, 31); fin IVe-début Ve s. « signe de l'écriture » (Sergius, ibid., 993, 39); au fig., désigne la marque sacramentelle du baptême en lat. chrét. (St Augustin ds BLAISE); le lat. est empr. au gr.
« empreinte » en partic. de monnaie, Ve s. (Eur. ds BAILLY), puis « signe distinctif, marque, caractère propre à une personne, une chose » (Hérodote, ibid.) « traits particuliers du visage (
» « nature d'une personne » (Denis d'Halicarnasse, ibid.); en parlant du style (Id., ibid.; cf. CICÉRON, Orator, éd. A. Yon, Paris, Belles-Lettres, 1964, § 134 : Sed iam forma ipsa restat et
ille qui dicitur).
STAT. — Caractère1 et 2. Fréq. abs. littér. :15 460. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 32 207, b) 17 544; XXe s. : a) 14 602, b) 20 084.DÉR. Caractérisme, subst. masc., vx. Analogie de forme, de couleur entre certaines plantes et certaines parties du corps donnant lieu à l'exercice d'une thérapeutique originale en vertu des propriétés que l'on reconnaissait à ces plantes pour guérir les parties du corps correspondantes. Attesté ds Ac. 1835 avec la mention ,,très-peu usité``; même mention ds les autres dict. gén. du XIXe s. — Dernière transcr. ds DG : kà-ràk-té-rism'. Ds Ac. 1798 et 1835. — 1re attest. 1752 (Trév. Suppl.); de caractère, étymol. 2, suff. -isme; cf. le lat. characterismus « description » (Sénèque ds TLL, s.v. 994, 68) empr. au gr., « désignation au moyen d'un signe caractéristique » (CLÉM. 156 ds BAILLY).
BBG. — BARB. Infl. 1923, p. 8. — FEUGÈRE (F.). Le Gd s. de Saint Louis et son vocab. Déf. Lang. fr. 1970, n° 53, p. 11. — QUEM. 2e s. t. 4 1972, p. 44.caractère [kaʀaktɛʀ] n. m.ÉTYM. 1596; charactere, 1567; carathere, 1550; karactere, 1274; caractère « empreinte », 1372; lat. character « manière d'être correspondant à un style; comportement »; grec kharatêr « signe gravé, empreinte ».❖———I Marque, signe distinctif.1 (XVIe). Signe gravé ou écrit, élément graphique d'une écriture. ⇒ Chiffre, lettre, signe, symbole. || Caractères conventionnels, symboliques, hiéroglyphiques, cunéiformes. || Caractères pictographiques, idéographiques. ⇒ Pictogramme; idéogramme. || Caractères phonétiques, syllabiques, correspondant respectivement à un élément de sens, à un son, à une syllabe. ⇒ Lettre. || Les caractères chinois, coréens, japonais (caractères chinois utilisés dans l'écriture du japonais; ⇒ Kandji). || Dictionnaire de caractères. || Les clés des caractères chinois. || Inscrire, graver un nom en caractères d'or sur un monument. || Déchiffrer des caractères. || Les caractères d'une inscription. || Les caractères de l'alphabet. || Caractères grecs, arabes, hébraïques, romains, gothiques, cyrilliques. ⇒ Lettre. || Écrire en gros, en petits caractères. || Caractères moulés. || Emploi de caractères particuliers en musique, en phonétique. — Caractères polyphones. — Caractères algébriques, astronomiques. || Caractères alphanumériques.1 Qui croira que, les caractères de l'alphabet ayant été jetés en confusion, un coup du hasard ait rassemblé toutes les lettres dans l'arrangement nécessaire pour décrire de grands événements ?Fénelon, Traité de l'existence de Dieu, 5.2 Mais sa main ne forma que des caractères inlisibles (…)Voltaire, Hist. de l'empire de Russie, II, 17.3 Même un paralysé, atteint d'agraphie après une longue attaque et réduit à regarder les caractères comme un dessin, sans savoir les lire, aurait compris que Mme de Cambremer appartenait à une vieille famille où la culture enthousiaste des lettres et des arts avait donné un peu d'air aux traditions aristocratiques.Proust, À la recherche du temps perdu, t. X, II, p. 106.4 (…) sur les volets pourpres d'un boucher israélite, s'étalait en caractères hébraïques une enseigne dorée qui retint longuement son regard.Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 136.4.1 Ben Saïd (…) continue à couvrir sa page quadrillée, avec lenteur mais sans rature, de minuscules caractères appliqués dont les ballottements du métro troublent à peine l'ordonnance régulière.A. Robbe-Grillet, Projet pour une révolution à New York, p. 148.4.2 Il est de coutume, lorsqu'on parle des caractères chinois, d'évoquer leur caractère imagé. Qui ignore cette écriture se la représente volontiers comme un ramassis de « petits dessins ». Il est vrai que dans l'état le plus ancien que nous connaissons, nous pouvons y relever un nombre important de pictogrammes (…) mais à côté d'eux figurent des caractères plus abstraits et qu'on peut déjà qualifier d'idéogrammes (…)À partir d'un nombre limité de caractères simples, ont été forgés par la suite des caractères complexes (…) On obtient un caractère complexe en combinant deux caractères simples : c'est ainsi que le mot clarté (…) est formé du soleil (…) et de la lune (…) Mais le cas le plus général d'un caractère complexe est du type « radical + signe phonétique ».François Cheng, l'Écriture poétique chinoise, p. 12.2 (1675). Techn. Tige de métal portant un caractère (au sens 1), une lettre, utilisée pour l'impression typographique. || Caractères d'imprimerie, caractères typographiques. ⇒ Plomb, type; lettre; cadrat, cadratin, espace. || Les caractères dits « en plomb » (⇒ Plomb) sont composés d'un alliage de plomb, d'antimoine et d'étain. || Fonte des caractères. ⇒ Matrice, poinçon. || Œil d'un caractère : partie en relief qui imprime. || Cran d'un caractère : entaille qui indique au compositeur le sens des lettres. || Corps d'un caractère, sa longueur, mesurée de l'extrémité des lettres montantes à la base des jambages inférieurs. || Mesurer un caractère au typomètre. || Caractères de 3 points, 5 points… ⇒ Point. || Caractères de 12 points. ⇒ Cicéro. || Composer en caractères de 7 points (en 7). || Combiner des caractères de différents corps. ⇒ Parangonnage. || Forme des caractères : caractères gothiques, romains, italiques; caractères elzéviriens… || Caractères gras, maigres. || Les caractères d'une casse. || Caractère bas de casse (minuscules), en capitales (majuscules). || Caractères en relief pour les aveugles. ⇒ Braille. || Composer avec des caractères mobiles ou avec des linotypes. ⇒ Composition; compositeur, linotype, monotype. || Boîte à caractères. ⇒ Casse (haut de casse, bas de casse).5 Il y a un tel livre qui court, et qui est imprimé chez Cramoisy, en tels caractères (…)La Bruyère, les Caractères, I, 33.♦ Dessin caractéristique d'un signe d'imprimerie, non matérialisé. || Choisir un caractère, des caractères pour imprimer un livre en photocomposition. || Police de caractères. || Graphiste qui crée des caractères.6 La journée du lendemain fut tout entière employée à classer le caractère (…) Nous avions pris de l'elzévir de dix points et de sept points, l'un pour l'impression normale, l'autre pour les notes et additions. Nous avions de l'italique et, en outre, un assez bon choix de caractères accessoires : médicis, égyptienne, antique (…) Le caractère était neuf. Il avait cet éclat métallique un peu voilé du plomb vierge (…)G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII.♦ Cour. Empreinte d'un caractère. || Les caractères de ce livre sont beaux, très lisibles. — Collectif. || Un beau caractère.3 Fig. Empreinte. || Graver, imprimer, marquer avec des caractères, en caractères ineffaçables. ⇒ Empreinte, sceau. || Marquer qqn, qqch. d'un caractère infamant.7 Quoique cette idée générale de la beauté soit gravée dans le fond de nos âmes avec des caractères ineffaçables, elle ne laisse pas que de recevoir de très grandes différences dans l'application particulière.Pascal, les Passions de l'amour.8 N'est-il pas juste d'imprimer le sceau douloureux de la croix sur une chair qui a été marquée tant de fois du caractère honteux de la bête.Massillon, Jeûne.9 Son attitude est celle du commandement, sa tête regarde le ciel et présente une face auguste sur laquelle est imprimé le caractère de sa dignité.Buffon, Hist. naturelle de l'homme.10 L'instruction fait tout; et la main de nos pèresGrave en nos faibles cœurs ces premiers caractères.Voltaire, Zaïre, I, 1.4 Techn. Signe ou signal qui, inséré parmi d'autres, contribue à remplir une fonction.———II (XVIIe). Signe ou ensemble de signes distinctifs.1 Sc. et cour. Trait propre (à une personne, à une chose), qui permet de distinguer. ⇒ Attribut, caractéristique, indice, marque, particularité, propriété, qualité, signe, trait. || Caractères distinctifs, particuliers, individuels, propres, originaux, typiques. || Les caractères qui fondent un classement, une typologie. ⇒ Différence (spécifique). || Les caractères d'une classe. ⇒ Trait (pertinent). || Caractères essentiels, dominants, saillants. || Caractères qualitatifs, quantitatifs. ⇒ Variable. || L'un des caractères qui distinguent les matières animales des matières végétales consiste dans… || Un caractère qui n'appartient qu'au seul sapajou. || Le magot a tous les caractères du cynocéphale. — Caractères spécifiques, communs à tous les individus d'une espèce. || Classification des individus selon leurs caractères. || Caractères congénitaux, innés, primitifs, ethniques, ataviques. || Caractères héréditaires, transmis par les gènes. || Caractères hérités de la mère, du père (→ Matroclinie, patroclinie). || Caractères acquis. — Anthrop. Trait distinctif de la structure biologique de l'homme. || Caractères dominants, récessifs. || Caractères sexuels secondaires. — Pédologie. || Caractère morphologique : caractère d'un horizon ou d'un profil directement observable et enregistré objectivement. || Caractère génétique : caractère d'un horizon ou d'un profil résultant d'un processus lié à la genèse du sol et dont il devient le témoin.11 Le caractère qui le distingue des autres phoques est le capuchon (…)Buffon, Hist. naturelle, Les quadrupèdes, t. XI, p. 162.12 (Les) perroquets amazones dont le caractère principal est d'avoir du rouge sur les ailes.Buffon, Hist. naturelle, Les oiseaux, t. XI, p. 137.13 Quoi qu'il en soit, il est bien démontré que le singe n'est pas une variété de l'homme, non seulement parce qu'il est privé de la faculté de parler, mais surtout parce qu'on est sûr que son espèce n'a point celle de se perfectionner, qui est le caractère spécifique de l'espèce humaine.Rousseau, De l'inégalité parmi les hommes, Notes, p. 109.14 (Linné) tira des pistils les caractères de ses divisions secondaires.Condorcet, Linné.15 L'anthropologie étudie les corps humains pour arriver à classer les hommes en races d'après leurs caractères physiques.Ch. Seignobos, Hist. sincère de la nation franc., p. 5 (→ Anthropologie, cit. 2).16 Goiran a prétendu que cette néfaste mystique de la force n'est pas tant un résultat du régime impérial qu'un caractère ethnique, spécifique, de la race : instinct plutôt que doctrine.Martin du Gard, les Thibault, t. IX, p. 232.17 D'abord l'expérience ne montre pas que les caractères acquis par l'individu soient transmissibles à sa postérité.A. Maurois, Études littéraires, Bergson, t. I, p. 169.2 Cour. Élément propre, particulier, qui permet de reconnaître, de juger. ⇒ Qualité. || La simplicité est le caractère de son style. ⇒ Marque, trait. || Le véritable caractère pour juger si… ⇒ Critère, critérium.18 C'est le caractère du vrai génie de répandre la fécondité sur un sujet stérile, et de varier ce qui semble uniforme.Voltaire, Vie de Molière.19 Le goût de l'extraordinaire est le caractère de la médiocrité.Diderot, Salon de 1765.20 Le caractère de l'esprit juste, c'est d'éviter l'erreur en évitant de porter des jugements (…)Condillac, l'Art d'écrire, I, 1.21 (La méditation) caractère essentiel de l'âme et de la force mentale (…)Chateaubriand, le Génie du christianisme, I, I, 9.22 Je suis donc d'avis que le caractère de la force est de se f… de tout et d'aller en avant.Stendhal, Journal, p. 228.♦ Avoir tel ou tel caractère. ⇒ Nature. || Acquérir, conserver, perdre tel ou tel caractère. || Conférer, revêtir tel ou tel caractère. ⇒ Qualité, titre. || Avoir le caractère d'ambassadeur. || Le caractère d'un ambassadeur rend sa personne inviolable. || Le sacre donnait un caractère divin aux rois de France. || Un magistrat en possession du caractère sacré et des auspices (→ Auspice, cit. 1). || Caractère officiel, administratif, privé, bénévole, confidentiel d'une entreprise, d'une démarche. || Des mesures d'un caractère social.23 L'artisan exprima si bienLe caractère de l'idole,Qu'on trouva qu'il ne manquait rienÀ Jupiter que la parole.La Fontaine, Fables, IX, 6.24 Vous savez que l'ordination confère aux curés un caractère indélébile, qui les suit jusqu'en enfer.Ch. Péguy, la République…, Compte rendu de mandat, p. 36.♦ Un caractère de simplicité, de distinction, de beauté. ⇒ Air, allure, apparence, aspect, cachet, extérieur, figure. || Des mots qui ont un caractère de sensualité (→ Appas, cit. 13). || Sa maladie n'a, ne présente aucun caractère de gravité. || Cet écrit porte un caractère d'authenticité (Académie).25 Ce style (…) est la marque des esprits faux et porte un caractère de servitude que je déteste.Voltaire, Lettre à Thiriot, 11 sept. 1735.26 À la lueur des flambeaux (…) les statues paraissent des figures pâles, qui ont un caractère plus touchant et de grâce et de vie.Mme de Staël, Corinne, VIII, 2.27 La ferme avait, comme eux, un caractère d'ancienneté.Flaubert, Trois contes, « Un cœur simple », II.28 N'était-il pas, en tout cas, déplorable que l'Empereur dût, dès juillet 1806, se préparer à une lutte qui pouvait revêtir un caractère si dangereux ?Louis Madelin, Vers l'Empire d'Occident, XII, Le conflit avec le Saint-Siège.29 (…) le style cursif, haché (…) conférait à ces notes un caractère de vérité qui forçait l'intérêt.Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 105.♦ Valeur. ⇒ Sens, signification. || Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne (cit. 12).30 (L'écrivain de génie) en saisit le vrai caractère (des choses…).Condillac, l'Art d'écrire.31 Comment Wagner ne comprendrait-il pas admirablement le caractère sacré, divin du mythe, lui qui est à la fois poète et critique ?Baudelaire, l'Art romantique, « Richard Wagner et Tannhäuser », II.3 Absolt (surtout en emploi négatif). Air expressif, personnel, original. ⇒ Allure, cachet, originalité, personnalité, relief. || Avoir du caractère, n'avoir aucun caractère. || Un style plat et sans caractère. || Une physionomie sans caractère. ⇒ Expression.32 C'était une de ces tristes rues de province, sans magasin, sans animation d'aucune sorte, ni caractère, ni agrément.Gide, Si le grain ne meurt, I, 4, p. 96.♦ Danse de caractère, caractéristique d'un pays, d'un folklore; ou expressive. || Musique de caractère, exotique.33 On pria Blanca d'exécuter une de ces danses de caractère où elle surpassait les plus habiles guitanas.♦ De caractère, se dit, dans le langage des transactions immobilières, des immeubles, logements anciens et pittoresques. || Studio de caractère, avec poutres apparentes.———III1 (1665). « Ensemble des manières habituelles de sentir et de réagir qui distinguent un individu d'un autre » (Lalande). || Étude des caractères. ⇒ Caractérologie, psychologie. || Le caractère, élément de l'individualité. ⇒ Personnalité, tempérament; constitution, idiosyncrasie. || Le caractère est une manière d'être constante, l'humeur une disposition passagère. || Analyse du caractère par les traits du visage (⇒ Physiognomonie), les bosses du crâne (⇒ Phrénologie), l'écriture (⇒ Graphologie). || Formation du caractère. || Son caractère n'est pas encore formé, il n'est pas encore adulte. || Mobilité du caractère. || Changer de caractère. ⇒ Naturel (n. m.). || Être jeune de caractère. — Troubles du caractère. ⇒ Caractériel. — Psychol. || Caractère hystérique, paranoïaque, obsessionnel.33.1 Caractère signifie étymologiquement empreinte et l'histoire d'un caractère est dans une large mesure celle de ses contacts. Chacune des fonctions sociales que nous avons exercées à l'intérieur d'un groupe, familial, professionnel, religieux, national, politique, a créé en nous un certain personnage et les conflits entre nos tendances et celles du groupe ont engendré nos caractères.Jean Delay, la Psycho-physiologie humaine, p. 98.♦ Traits de caractère. || L'Athénien (cit. 3) s'éloigne du Spartiate par mille traits de caractère. || Épicurien de caractère, par caractère. || Le même caractère. || Des caractères très différents. || Affinités, contrastes, incompatibilités de caractères.34 Vit-on jamais en deux hommes (Condé et Turenne) les mêmes vertus avec des caractères si différents, pour ne pas dire si contraires ?Bossuet, Louis de Bourbon.35 Il y a des gens d'une certaine étoffe ou d'un certain caractère avec qui il ne faut jamais se commettre (…)La Bruyère, les Caractères, V, 28.36 Le caractère de l'enfance paraît unique; les mœurs, dans cet âge, sont assez les mêmes (…)La Bruyère, les Caractères, XI, 52.37 Leurs caractères différents faisaient un assortiment complet et heureux (…)Fontenelle, Varignon.38 C'est le sort des monarchies que leur prospérité dépende du caractère d'un seul homme.Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 17.39 Peut-on changer de caractère ? Oui, si on change de corps (…) Tant que ses nerfs (de cet homme), son sang et sa moelle allongée seront dans le même état, son naturel ne changera pas plus que l'instinct d'un loup et d'une fouine.Voltaire, Dict. philosophique, Caractère.40 (…) chaque homme apporte en naissant un caractère, un génie et des talents qui lui sont propres.Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, V, Lettre III.41 Il y a des caractères doux et tranquilles qu'on peut mener loin sans danger dans leur première innocence; mais il y a aussi des naturels violents dont la férocité se développe de bonne heure, et qu'il faut se hâter de faire hommes, pour n'être pas obligé de les enchaîner.Rousseau, Émile, II.42 Je ne vous dirai pas : changez de caractère;Car on n'en change point, je ne le sais que trop,Chassez le naturel, il revient au galop.Ph. Destouches, le Glorieux, III, 5.43 (…) on ne peut connaître son caractère et surtout l'influence qu'on a sur lui, qu'autant qu'on a passé par beaucoup d'alternatives de joie et de malheur.Stendhal, Souvenirs d'égotisme, p. 198.44 Les traits les plus marquants d'un caractère se forment et s'accusent avant qu'on en ait pris conscience.Gide, Si le grain ne meurt, VIII, p. 215.45 Mais on peut former son caractère, on peut le refaire (…)A. Maurois, Climats, I, p. 73.♦ Cour. Manière d'agir habituelle (d'une personne). ⇒ Comportement, nature. || Complexité, mobilité du caractère. || Un caractère changeant (⇒ Cire [cire molle]), fantasque, flexible, frivole, hésitant, inconstant, indécis, irrésolu, lunatique, malléable, ondoyant, vacillant, versatile. || Assouplir le caractère. || Un caractère énigmatique, étrange, indépendant, singulier… || Caractère insensible, froid, amorphe, apathique, flegmatique, grave, pondéré, sérieux… || Caractère sensible, affectueux, tendre, ardent, bouillant, exubérant, fougueux, passionné, véhément, vif… || Donner un caractère à un personnage (cit. 9).46 L'exil est quelquefois, pour les caractères vifs et sensibles, un supplice beaucoup plus cruel que la mort.Mme de Staël, Corinne, XIV, 3.47 Il a été aussi amical et aussi ouvert avec moi que le permet son caractère froid (…)Stendhal, Journal, p. 142.48 Pierre n'est plus reconnaissable, dit ma mère, son caractère est devenu inégal, bizarre. Il passe brusquement et sans cause de la joie à la tristesse.France, la Vie en fleur, XI.♦ Avoir un bon caractère, avoir bon caractère; avoir un caractère agréable, accommodant. || Être d'un caractère accommodant, accort, affable, agréable (cf. Être d'un commerce agréable), aimable, amène, avenant, charmant, commode, complaisant, conciliant, coulant (fam.), débonnaire, docile, doux, égal, enjoué, gai, jovial, paisible, patient, placide, rond, sociable, sympathique (la plupart de ces adj. peuvent qualifier aussi la personne). || Il a trop bon caractère (→ C'est une bonne pâte d'homme). ☑ Être d'un heureux caractère, optimiste. || Un caractère en or. || Avoir le caractère égal, uni. || Égalité de caractère.49 Ne pouvoir supporter tous les mauvais caractères dont le monde est plein, n'est pas un fort bon caractère : il faut, dans le commerce, des pièces d'or et de la monnaie.La Bruyère, les Caractères, V, 37.49.1 Il est épatant Robert (…) Bien sûr, s'il peut vivre comme il vit, c'est grâce à Cathie… — Grâce à son caractère, aussi. Il a un caractère… — Oh ! en or, dit Bernard qui, lui, n'a pas un caractère en or (…) Il ne sait pas dire non.F. Mallet-Joris, le Jeu du souterrain, p. 24.♦ Avoir un mauvais caractère, avoir mauvais caractère; avoir un caractère désagréable, facilement agressif. || Être d'un caractère abrupt, acariâtre, acerbe, acrimonieux, agressif, aigre, arrogant, atrabilaire, belliqueux, boudeur, bourru, brusque, brutal, capricieux, chagrin, chatouilleux, colérique, détestable, despotique, difficile, dur, emporté, à l'emporte-pièce, exécrable, hargneux, incommode, inégal, insociable, intraitable, irascible, irritable, maussade, morose, ombrageux, rétif, revêche, vindicatif, violent (ces adj. peuvent caractériser aussi la personne). — ☑ Fam. Avoir un sale, un fichu, un foutu caractère. ☑ Avoir un caractère de chien, de cochon. ⇒ Tête (de cochon, de mule). ☑ Avoir son (petit) caractère : ne pas être d'une humeur facile.50 Diseur de bons mots, mauvais caractère.Pascal, Pensées, I, 46.N. B. Cette « pensée » est en général interprétée au sens moderne de caractère (psychologique); c'est ce que fait La Bruyère quand il écrit… : « Je le dirais, s'il n'avait été dit » (La Cour). Il faut plutôt lire, semble-t-il, au sens de caractère (II.) : « Le fait de dire des bons mots est un signe, une marque négative, mauvaise ».51 Mon humeur était impétueuse, mon caractère inégal.Chateaubriand, René.52 Son caractère ombrageux à l'excès prenait de jour en jour des angles plus vifs, son visage des airs plus impénétrables (…)E. Fromentin, Dominique, XIV.53 Les soucis d'un amour maternel poussé jusqu'à la passion assombrirent son caractère et troublèrent sa santé naturellement bonne.France, le Petit Pierre, I.♦ (Qualification portant sur la volonté, le courage). || Avoir un caractère audacieux, courageux, déterminé, énergique, fier, héroïque, indomptable, inflexible, orgueilleux, résolu, stoïcien, stoïque, tenace, volontaire.♦ ☑ Loc. Soutenir, ne pas démentir son caractère : rester fidèle à son comportement habituel. ☑ Sortir de son caractère : sentir ou réagir d'une manière qui n'est pas habituelle, qui n'est pas conforme à son caractère. || Un calme qui perd patience et sort de son caractère.54 Si le fat pouvait craindre de mal parler, il sortirait de son caractère.La Bruyère, les Caractères, XII, 51.♦ Littér. Manière d'être morale. || L'élévation, la bassesse du caractère. || Un grand, un beau, un noble caractère. ⇒ Grandeur (d'âme). || Un caractère bas, abject, bestial. ⇒ Âme. — Vigueur, force de caractère. — Affermir, fortifier le caractère.55 Cet homme (…) d'un caractère si haut qu'on ne pouvait ni l'estimer, ni le craindre, ni l'aimer, ni le haïr à demi (…)Bossuet, Oraison funèbre de Michel Le Tellier (→ À, cit. 67).56 (…) cette force de caractère qui en imposait, et dont j'aurais eu besoin pour réussir.Rousseau, les Confessions, VI.2 (1736). || Avoir du caractère, un caractère déterminé, énergique. ⇒ Courage, détermination, énergie, fermeté, résolution, ténacité, trempe, volonté. || Manquer de caractère. || Un homme sans caractère, veule. || Faire preuve de caractère.57 Madame Rolland avait du caractère plutôt que du génie : le premier peut donner le second, le second ne peut donner le premier.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, 7.58 Un homme de caractère n'a pas bon caractère.J. Renard, Journal, 2 janv. 1907.3 (Av. 1757). Littér. Les personnes mêmes considérées dans leur individualité, leur originalité, leurs qualités morales. ⇒ Personnalité. || L'abaissement des caractères. || Un grand caractère; un homme de grand caractère.59 Ni la bonne éducation ne fait les grands caractères, ni la mauvaise ne les détruit.Fontenelle, Czar Pierre.60 En fait, je n'ai d'amour que pour les caractères d'un idéalisme absolu, martyrs, héros, utopistes, amis de l'impossible.Renan, Souvenirs d'enfance, p. 101.61 Paris nous impose un uniforme; il nous met comme ses maisons, à l'alignement; il estompe les caractères, nous réduit tous à un type commun.F. Mauriac, la Province, p. 13.62 J'ai bien assez vécu déjà pour dire avec fermeté que si j'admire les grands artistes, j'admire plus encore les grands caractères. Je les recherche et les honore.G. Duhamel, Défense des lettres, II, III, p. 134.4 (XVIIe). Mœurs (d'une personne, d'un groupe). || L'invraisemblance des caractères. || Peindre, décrire des caractères. — (Dans un titre). || Les Caractères de Théophraste. || Les Caractères de La Bruyère.63 Ce sont les caractères ou les mœurs de ce siècle que je décris.La Bruyère, les Caractères ou les mœurs de ce siècle.64 Corneille nous assujettit à ses caractères et à ses idées; Racine se conforme aux nôtres.La Bruyère, les Caractères, I, 54.65 L'invraisemblable du roman, l'énormité des faits, l'enflure des caractères (…)Beaumarchais, le Barbier de Séville, Préface.66 (Son caractère) loin d'avoir été embelli par ses biographes, a été rapetissé par eux (…) Souvent, en croyant l'agrandir, (ils) l'ont en réalité amoindri.Renan, Vie de Jésus, XXVIII.67 Peindre des caractères, c'est-à-dire des types généraux, voilà donc l'objet de la haute comédie.H. Bergson, le Rire, III, 1, p. 114.♦ (1751). || Comédie, pièce de caractère.68 Corneille lui-même avait donné le Mentor, pièce de caractère et d'intrigue prise du théâtre espagnol (…)Voltaire, le Siècle de Louis XIV, 32.5 (1748). Par anal. || Le caractère d'une nation. ⇒ Âme, génie. || Le caractère français.69 Comment les lois peuvent contribuer à former les mœurs, les manières et le caractère d'une nation.Montesquieu, l'Esprit des lois, XIX, 27.70 Saisir un fait par un mot, et le caractère et les mœurs d'une nation par un fait (…)Mme de Staël, Corinne, XI, 4.71 (…) la position défensive est antipathique au caractère français.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, III, p. 285.❖DÉR. Caractériel, caractériser. — V. Caractéristique.COMP. Caractérologie.
Encyclopédie Universelle. 2012.